mardi 20 mars 2007

Le beau risque...

Non, je ne parle pas de politique ! Pour vous mettre en contexte, prière de lire d'abord le post suivant de ma conjointe, Lady_Marian.

J'ai déjà écrit que la façon la plus significative dont j'ai été affecté par mon expérience de divorce... ce que je considères aujourd'hui comme étant une de mes plus grande forces... a été de me rendre beaucoup plus conscient.

Entre autre-choses, je suis aujourd'hui beaucoup plus conscient des impacts et des conséquences possibles de mes paroles, de mes gestes et de mes choix. Être conscient de ces choses n'a pas que des bons côtés !

Être conscient, c'est aussi être capable de prévoir les "scénarios-catastrophe". Utile afin de les éviter, me direz-vous avec raison. Ouais... mais conditionellement à réussir à maîtriser la peur, les craintes et les incertitudes qu'engendre une telle visualisation des "scénarios-catastrophe" !

J'ai d'abord eu à vaincre les peurs que j'avais envers les impacts qu'auraient un autre échec amoureux sur moi. Mon expérience précédente m'avait été si pénible, si douloureuse, que j'étais plus-que-réticent à prendre un tel risque à nouveau.

Puis, quand je me suis senti personellement prêt à prendre un tel risque, j'ai été saisi par une toute autre série d'inquétudes: Quel impact aurait un autre échec amoureux dans ma vie sur mes enfants ?

Je me suis même questionné s'il n'était pas égoïste de ma part de leur imposer un tel risque. Après tout, nous n'étions pas si mal lorsque nous n'étions que tous les trois. Ils avaient une mère, donc déjà une présence féminine constante dans leur vies. Aussi, ils avaient aussi un exemple de vie de couple sous les yeux, leur mère cohabitant avec un conjoint. Avec moi comme père monoparental, dans le cadre d'une famille qui ne serait composée que de nous trois seulement, je pouvais les exposer à autre-chose...

"Autre-chose"... Ouais! Mais quoi ?

Bon! Il y a bien certains points positifs à la vie de célibataire. Une certaine liberté, entre-autres. Un sentiment d'indépendance, aussi.

Quand mon ex-épouse m'a quitté, j'ai été obligé de trouver un tout autre sens à ma vie que ceux que j'avais avant. Avant, j'étais principalement trois choses:
  1. Père de famille ;
  2. Conjoint, et ;
  3. Professionnel dans mon domaine.

C'étaient mes seules véritables dimensions. Quand je me suis retrouvé complètement seul pour la première fois, j'étais complètement désemparé. Quand les enfants étaient avec moi, j'étais, au moins, "complet au 2/3". Mais, mes semaines sans enfants, il ne me restait plus que ma job.

C'était tellement pathétique de me voir aller ces premières semaines après le départ de mon "ex", lors de mes semaines "impères"... "Penses à toi! Trouves des choses qui te feraient plaisir et va les faire!" avais-je lu dans des bouquins de psychologie.

Rien à faire, au début... La seule chose qui m'aurait fait plaisir à ce moment, lorsque mon travail était terminé, ça aurait été de retourner auprès de ma famille, avec ma femme et mes enfants...

Ça a pris du temps... mais j'ai éventuellement commencé à me développer une autre dimension. À découvrir qui j'étais lorsque seul.

Tout ça pour dire que c'était le genre de choses que je pouvais enseigner à mes fils aussi, au lieu d'une "personnalité à trois dimensions" comme j'aurais eue si leur mère ne m'aurait pas quitté.

Mes craintes de me lancer dans ma relation avec Lady, en ce qui concerne mes enfants, étaient donc en deux parties distinctes: D'une part, j'avais peur qu'ils souffrent s'ils se mettaient à l'aimer et, qu'un jour, on venait à se séparer. L'autre part, c'était que je craignais redevenir ce personnage "à trois dimensions" que j'étais et de leur offrir ceci comme exemple masculin.

Dans mes réflexions, je suis arrivé à la conclusion que le jeu en valait définitivement la chandelle et ce, pour trois raisons principales.

D'abord, j'aimais (et j'aime toujours!) Lady. Elle me rends beaucoup plus heureux que je ne pouvais y parvenir seul. Inutile donc de mettre trop d'emphase sur les bénéfices pour un enfant d'avoir un parent heureux ;

Ensuite, la dimension que mon célibat forcé m'a fait développer, c'est celle de qui j'étais, moi, personellement. En l'abscence d'une conjointe, je n'étais donc toujours qu'un personnage "à trois dimensions". En étant le modèle masculin principal dans la vie de mes fils, si je restais seul, je les privais donc d'un modèle de "conjoint". Dans ma relation avec Lady, j'ai réussi à maintenir ma dimension personelle tout en redécouvrant ma dimension "conjoint". C'est, je trouve, un excellent exemple pour mes fils. Je suis maintenant un personnage "à quatre dimensions".

La troisième raison (et non la moindre), c'est que Lady représente une personne de plus dans leur vies pour les aimer et qu'ils peuvent aimer en retour. Pas négligeable, ça! Lady, par sa situation, peut leur offrir des choses que ni moi, ni leur mère, pouvons leur offrir... particulièrement plus tard, lorsqu'ils seront devenus des ados qui chercheront, à leur façon (quelle qu'elle soit), à se rebeller contre leur parents. L'Amour dénué "d'autorité parentale formelle" qui les unit pourra faire d'elle une personne vers qui ils peuvent parler et se confier plus... librement.

Ça a d'aillieurs déjà commencé ! ;-)

Alors, oui, il y a des risques...

Mais ce sont de beaux risques !

dimanche 18 mars 2007

60% des efforts pour 90% des résultats

Dans mon post précédent, je vous parle de mon ancienne job et des ressentiments que j'en conserve, plus particulièrement à l'égard de celui qui avait été mon supérieur immédiat.

"60% des efforts pour 90% des résultats" est le plus bel exemple pour illustrer notre profonde incompatibilité. C'était la philosophie de travail qu'il voulait que j'applique dans mon travail.

Or, il m'était humainement impossible d'être plus en désaccord avec cette philosophie de travail.

Mon "boss", voulant pouvoir montrer au Tyran qu'il avait l'énergie et la "drive" nécessaire pour faire progresser un grand nombre de dossiers, considérait que nous étions trop lents dans l'éxécution de notre travail. Tout comme le Tyran, il n'avait qu'une date pour tout échéancier dans ses exigeances: Hier !

Vous auriez dû me voir sursauter lorsqu'il m'a énoncé cette philosophie de travail et ordonné de l'appliquer lors d'un meeting entre lui et moi dans son bureau !

"M***", lui répondis-je. "Je comprends que cette philosophie soit appropriée pour une firme d'ingénierie qui possède un grand volume de projets. 90% des résultats est habituellement suffisant pour que la firme soit payée et qu'elle passe au projet suivant. Ce que tu ne sembles pas comprendre, c'est que nous sommes en expoitation. TU es maintenant en exploitation. Pas en construction. Et c'est là la plus grande frustration du groupe d'exploitation envers le groupe de construction: Le 10% des résultats qui manquent fait usuellement TOUTE la différence entre que ça marche ou que ça ne marche pas. Alors, trop souvent, le 40% des efforts qui n'a pas été fait par le groupe de construction, c'est NOUS qui devons se le taper !"

Je peux vous certifier que c'est pas mal partout pareil entre les groupes d'exploitation et les groupes de construction. C'est triste mais, en 20 ans de carrière, je n'ai pas encore pu voir des gens du groupe de construction qui avaient comme priorité de livrer un produit "parfait" aux clients et au groupe d'exploitation. Les priorités premières sont toujours les deux mêmes: Livrer selon l'échéance et à l'intérieur du budget.

Même les Chargés de Projets, pourtant souvent des employés de l'établissement où le tavail s'éxécute ont ces priorités. Une fois, j'ai même eu une Chargée de Projets qui m'a dit "J'ai assez hâte de te refiler ce projet pour que tu puisses le déboguer et que moi, je passe à autre-chose!"

S'il est pas mal garanti que mon ancien patron se tiendra très loin de moi et de l'endroit où je travaille aujourd'hui, je prévois qu'un jour, on se recroisera quand-même, par accident. À plus forte raison si je change éventuellement d'employeur et qu'on se perde de vue.

Je fantasme le voir arriver sur un projet dont je serai le client et le r'virer d'bord assez sec en disant:

"Désolé M****, mais moi, je cherche un ingénieur qui sera prêt à faire 100% des efforts pour me livrer 100% des résultats!"

samedi 17 mars 2007

Seagull Management

"Seagull Management" pourrait se traduire par "Gestion de type Goéland". Désolé mais, si ce terme vous intrigue, vous allez devoir vous taper la lecture de ce qui suit pour comprendre! ;-)

Ce post est pour me sortir la crotte que j'ai sur le coeur par rapport à mon ancienne job (désolé pour les Français européens qui me lisent. Ici, au Québec, "job" est accordé au féminin. J'ignore pourquoi!).

La dernière année que j'ai passée dans mon emploi précédent avait été un véritable Enfer !

J'oeuvre dans le domaine de l'opération et l'entretien de la mécanique du bâtiment et, même si cet emploi ne rencontre pas mes rêves d'adolescence (je ne vis pas les aventures d'un policier. Je n'ai pas la notoriété d'une vedette. Je n'ai pas l'argent d'un prospère homme d'affaires. Etc...), il n'en demeure pas moins que j'adores mon travail.

Ayant été formé par la Marine, j'en ai gardé la vision romantique qu'elle accordait au Département d'Ingénierie:

"The prelude to action is the work of the engine room department" (Amiral J.R. Jellicoe, 1916)

Cette phrase est immortalisée sur des plaques de bronze que l'on peut retrouver sur les murs extérieurs des écoles d'ingénierie des deux grandes bases Navales canadienne (Halifax et Esquimalt).

Sur un navire militaire, les mécaniciens de marine jouissent d'un statut particulier. Nobody fucks with a stoker.

L'ambition première de tout bon stoker était, ultimement, de devenir Chief Engineer et de se voir attribuer son propre commandement. SON navire. SES hommes.

Oh! Il y avait les officiers, bien sûr. Le Capitaine, son Second... Aussi, il y avait l'Officier Ingénieur, patron "officiel" du Département d'Ingénierie. Mais, pour nous, les "grease monkeys" qui travaillions dans les entrailles du navire, dans le monde bruyant, hostile et suffocant de la salle des chaudières et de la salle des machines (Ah! Home sweet home !), notre véritable "boss", notre véritable "leader", c'était le Chief.

La dynamique entre un bon Chief et un bon E.O. (Engineering Officer) en était une de respect mutuel. Oui, l'E.O. est le "boss"... mais sa job est de supporter le Chief le mieux possible pour que ce dernier puisse faire son travail.

Bon! Tout ça pour dire que j'éprouves une fierté pour ma profession basée sur des principes passablement machos, dépassés et ridicules. Mais pas grave! J'en suis conscient et je m'assume très bien ! ;-)

Quand je suis sorti de la Marine et que je me suis recyclé en Mécanique du Bâtiment, j'ai gardé l'ambition du stoker: Je voulais devenir Chief de ma propre centrale thermique. J'aspirais de prendre en charge la bonne opération des équipements mécaniques d'un grand immeuble et, avec MES hommes, assurer leur meilleur rendement possible.

Ça m'a prisdes années à réaliser mes ambitions. Des années à m'aplatir l'arrière-train sur les bancs d'école en cours du soir pour aller me chercher les diplômes nécessaires. Des années passées à "faire mon temps" en accumulant l'expérience pratique requise. Et j'y suis parvenu!

Mon premier emploi comme Chief, par contre, était assez spécial. L'organisation était en plein "grand ménage" !

Un homme avait été embauché pour faire ce ménage. Un véritable tyran avec toutes les bonnes disposition d'un pit-bull qu'on aurait accidentellement réveillé en lui marchant sur une couille ! Travailler pour lui était un véritable numéro de funambulisme: Il méprisait les "Yes-Men"... mais n'acceptait pas de se faire dire "Non!".

Pas grave! Mon passé militaire m'avait bien préparé pour travailler pour un tel personnage et, pendant quatre ans, je me suis bien débrouillé...

Mais, il y avait un hic. Il manquait un gestionnaire entre le Tyran et moi. Il me manquait le support d'un équivalent au E.O. J'veux pas perdre mon temps à vous expliquer pourquoi (ce n'est même pas intéressant!). Croyez-moi sur parole: Il fallait quelqu'un.

Le poste avait été vacant depuis que le Tyran avait congédié la personne qui le détenait au lendemain de mon entrée en fonctions. Non, je n'ai jamais été candidat pour ce poste. C'est un poste d'ingénieur, chose que je ne suis pas.

J'étais content quand ils ont enfin trouvé quelqu'un. C'était un ingénieur issu d'une firme avec laquelle on transigeait souvent. Nous avions déjà travaillé ensemble et c'était un des rares ingénieurs que je respectais.

Malheureusement, je ne l'avais connu que comme son client... Maintenant que j'étais son subordonné, les choses changèrent dramatiquement entre nous...

Dès le départ, j'ai senti une hostilité émanant de lui. J'attribuai ceci, à l'époque, à son inexpérience en gestion et en leadership. Je me disais que, dès l'instant où il verrait que je n'étais pas une menace à son autorité, que je pouvais être, au contraire, un solide allié sur lequel il pouvait compter, que les choses s'amélioreraient...

Les choses ont dégénéré. Pas juste pour moi, mais au sein de l'organisation au complet. Il s'est avéré que le Tyran, maintenant que son "staff" était complet (mon "boss", Directeur des Services Électromécaniques, est arrivé en même temps qu'un autre Directeur, celui des services d'entretien ménager et paysager. Un autre poste qui avait été vacant un bon bout de temps...), a redoublé d'ardeur dans ses exigeances.

Croyez-moi, s'il y a quelque-chose qui respecte absolument la Loi de la Gravité, c'est bien de la merde ! Elle accélèrait plus en descendant notre échelle hiérarchique que le 9,81 mètres par secondes carrées de la force "g" de la Terre!!!

Le monde tombait comme des mouches autour de moi. Tous victimes du "burn-out".

Moi, j'étais plus un candidat à la "défenestration d'un supérieur" qu'à un "burn-out". Réalisant que crisser mon boss par la fenêtre nuirait substanciellement à ma carrière, j'ai décidé de quitter cette organisation de fous.

Je me suis rapidement trouvé un nouvel emploi et j'ai remis ma démission...

Pendant les deux dernières semaines (mon pré-avis), un homme s'est présenté à mon bureau pour me questionner. C'était un enquêteur embauché par les Ressources Humaines qui, consternée par ce qui se passait aux Installations Matérielles, cherchait à savoir ce qui se passait.

Je n'avais rien à leur dire. Ils avaient eux-mêmes embauché le Tyran pour réorganiser les Installations Matérielles. S'ils avaient perdu le contrôle sur leur Pit-bull, c'était leur problème. Moi, j'en avais assez.

Deux mois après mon départ, il y a eu l'équivalent d'un "putsh"...d'un "coup d'État". Le Tyran et son patron se retrouvèrent "remerciés de leur services" (départ officiellement volontaire, bien entendu). Un mois plus tard, l'ingénieur qui avait été mon supérieur immédiat pendant un an démissionna et est retourné à la firme d'ingénierie qu'il avait quitté.

On pourrait croire que cette tournure des évènements viendrait me valoriser... C'est le cas. Par contre, ça me mets aussi le feu au cul !

Voyez-vous, pendant un an, j'ai tout fait pour essayer de rencontrer les attentes complètement irréalistes de mes supérieurs et quand, bien entendu, j'échouais, j'ai dû faire face au mépris de ce p'tit criss de morveux qui me regardais de haut et cherchait à me faire sentir incompétent et inadéquat.

Le pire ? C'est que, jusqu'à un certain point, ça marchait ! Je me sentais vraiment incompétent et inadéquat !

Or voilà. En quittant comme il l'a fait, il m'a prouvé qu'il était incapable de faire mieux que moi. Moi, avant qu'il n'arrive, j'avais réalisé des choses. J'avais instauré des procédures de travail. Il s'est empressé de tout défaire à son arrivée... mais sans le remplacer par autre-chose! Il a abandonné l'endroit dans un état vraiment lamentable!

Je suis récemment retourné à cet endroit faire mon tour et j'ai parlé avec mes anciens collègues et employés. C'était vraiment désolant... Tout ce que j'avais réussi à construire et organiser pendant mes quatre premières années là-bas est détruit. Les gens n'ont plus de leadership et cette organisation est temporairement sous la tutelle des comptables. Plus de direction. Plus d'argent pour réaliser des projets...

Je suis vraiment parti à temps. Je n'aurais pas aimé travailler dans cet environnement post-Tyran. C'était aussi triste à regarder qu'un champs de bataille une fois que les combats sont terminés...

Le tyran est à sa retraite... Je ne le verrai probablement plus jamais. Mais l'autre, le p'tit morveux... lui, un jour, on se recroisera. Et j'lui réserve un chien d'ma chienne !

Et il le sait !

Voyez-vous, je suis aujourd'hui toujours le client de la même firme d'ingénierie où il travaille et je me suis arrangé pour lui faire transmettre le message de rester loin... TRÈS loin... de mon nouveau lieu de travail. Que s'il ose se pointer le bout du nez en ma présence, que je le sortirai personellement cul par-dessus tête hors de MON installation.

J'ai pri la peine de préciser que je le considère toujours comme étant un bon ingénieur... mais qu'il a été le pire gestionnaire que j'ai eu la malchance de rencontrer.

Ses collègues ont beaucoup ri quand je leur ai expliqué ce qu'était un "Gestionnaire Goéland":

Ça arrive vite ;

Ça fait beaucoup de bruit ;

Ça chie partout, et ;

Ça repart aussi vite !