samedi 17 mars 2007

Seagull Management

"Seagull Management" pourrait se traduire par "Gestion de type Goéland". Désolé mais, si ce terme vous intrigue, vous allez devoir vous taper la lecture de ce qui suit pour comprendre! ;-)

Ce post est pour me sortir la crotte que j'ai sur le coeur par rapport à mon ancienne job (désolé pour les Français européens qui me lisent. Ici, au Québec, "job" est accordé au féminin. J'ignore pourquoi!).

La dernière année que j'ai passée dans mon emploi précédent avait été un véritable Enfer !

J'oeuvre dans le domaine de l'opération et l'entretien de la mécanique du bâtiment et, même si cet emploi ne rencontre pas mes rêves d'adolescence (je ne vis pas les aventures d'un policier. Je n'ai pas la notoriété d'une vedette. Je n'ai pas l'argent d'un prospère homme d'affaires. Etc...), il n'en demeure pas moins que j'adores mon travail.

Ayant été formé par la Marine, j'en ai gardé la vision romantique qu'elle accordait au Département d'Ingénierie:

"The prelude to action is the work of the engine room department" (Amiral J.R. Jellicoe, 1916)

Cette phrase est immortalisée sur des plaques de bronze que l'on peut retrouver sur les murs extérieurs des écoles d'ingénierie des deux grandes bases Navales canadienne (Halifax et Esquimalt).

Sur un navire militaire, les mécaniciens de marine jouissent d'un statut particulier. Nobody fucks with a stoker.

L'ambition première de tout bon stoker était, ultimement, de devenir Chief Engineer et de se voir attribuer son propre commandement. SON navire. SES hommes.

Oh! Il y avait les officiers, bien sûr. Le Capitaine, son Second... Aussi, il y avait l'Officier Ingénieur, patron "officiel" du Département d'Ingénierie. Mais, pour nous, les "grease monkeys" qui travaillions dans les entrailles du navire, dans le monde bruyant, hostile et suffocant de la salle des chaudières et de la salle des machines (Ah! Home sweet home !), notre véritable "boss", notre véritable "leader", c'était le Chief.

La dynamique entre un bon Chief et un bon E.O. (Engineering Officer) en était une de respect mutuel. Oui, l'E.O. est le "boss"... mais sa job est de supporter le Chief le mieux possible pour que ce dernier puisse faire son travail.

Bon! Tout ça pour dire que j'éprouves une fierté pour ma profession basée sur des principes passablement machos, dépassés et ridicules. Mais pas grave! J'en suis conscient et je m'assume très bien ! ;-)

Quand je suis sorti de la Marine et que je me suis recyclé en Mécanique du Bâtiment, j'ai gardé l'ambition du stoker: Je voulais devenir Chief de ma propre centrale thermique. J'aspirais de prendre en charge la bonne opération des équipements mécaniques d'un grand immeuble et, avec MES hommes, assurer leur meilleur rendement possible.

Ça m'a prisdes années à réaliser mes ambitions. Des années à m'aplatir l'arrière-train sur les bancs d'école en cours du soir pour aller me chercher les diplômes nécessaires. Des années passées à "faire mon temps" en accumulant l'expérience pratique requise. Et j'y suis parvenu!

Mon premier emploi comme Chief, par contre, était assez spécial. L'organisation était en plein "grand ménage" !

Un homme avait été embauché pour faire ce ménage. Un véritable tyran avec toutes les bonnes disposition d'un pit-bull qu'on aurait accidentellement réveillé en lui marchant sur une couille ! Travailler pour lui était un véritable numéro de funambulisme: Il méprisait les "Yes-Men"... mais n'acceptait pas de se faire dire "Non!".

Pas grave! Mon passé militaire m'avait bien préparé pour travailler pour un tel personnage et, pendant quatre ans, je me suis bien débrouillé...

Mais, il y avait un hic. Il manquait un gestionnaire entre le Tyran et moi. Il me manquait le support d'un équivalent au E.O. J'veux pas perdre mon temps à vous expliquer pourquoi (ce n'est même pas intéressant!). Croyez-moi sur parole: Il fallait quelqu'un.

Le poste avait été vacant depuis que le Tyran avait congédié la personne qui le détenait au lendemain de mon entrée en fonctions. Non, je n'ai jamais été candidat pour ce poste. C'est un poste d'ingénieur, chose que je ne suis pas.

J'étais content quand ils ont enfin trouvé quelqu'un. C'était un ingénieur issu d'une firme avec laquelle on transigeait souvent. Nous avions déjà travaillé ensemble et c'était un des rares ingénieurs que je respectais.

Malheureusement, je ne l'avais connu que comme son client... Maintenant que j'étais son subordonné, les choses changèrent dramatiquement entre nous...

Dès le départ, j'ai senti une hostilité émanant de lui. J'attribuai ceci, à l'époque, à son inexpérience en gestion et en leadership. Je me disais que, dès l'instant où il verrait que je n'étais pas une menace à son autorité, que je pouvais être, au contraire, un solide allié sur lequel il pouvait compter, que les choses s'amélioreraient...

Les choses ont dégénéré. Pas juste pour moi, mais au sein de l'organisation au complet. Il s'est avéré que le Tyran, maintenant que son "staff" était complet (mon "boss", Directeur des Services Électromécaniques, est arrivé en même temps qu'un autre Directeur, celui des services d'entretien ménager et paysager. Un autre poste qui avait été vacant un bon bout de temps...), a redoublé d'ardeur dans ses exigeances.

Croyez-moi, s'il y a quelque-chose qui respecte absolument la Loi de la Gravité, c'est bien de la merde ! Elle accélèrait plus en descendant notre échelle hiérarchique que le 9,81 mètres par secondes carrées de la force "g" de la Terre!!!

Le monde tombait comme des mouches autour de moi. Tous victimes du "burn-out".

Moi, j'étais plus un candidat à la "défenestration d'un supérieur" qu'à un "burn-out". Réalisant que crisser mon boss par la fenêtre nuirait substanciellement à ma carrière, j'ai décidé de quitter cette organisation de fous.

Je me suis rapidement trouvé un nouvel emploi et j'ai remis ma démission...

Pendant les deux dernières semaines (mon pré-avis), un homme s'est présenté à mon bureau pour me questionner. C'était un enquêteur embauché par les Ressources Humaines qui, consternée par ce qui se passait aux Installations Matérielles, cherchait à savoir ce qui se passait.

Je n'avais rien à leur dire. Ils avaient eux-mêmes embauché le Tyran pour réorganiser les Installations Matérielles. S'ils avaient perdu le contrôle sur leur Pit-bull, c'était leur problème. Moi, j'en avais assez.

Deux mois après mon départ, il y a eu l'équivalent d'un "putsh"...d'un "coup d'État". Le Tyran et son patron se retrouvèrent "remerciés de leur services" (départ officiellement volontaire, bien entendu). Un mois plus tard, l'ingénieur qui avait été mon supérieur immédiat pendant un an démissionna et est retourné à la firme d'ingénierie qu'il avait quitté.

On pourrait croire que cette tournure des évènements viendrait me valoriser... C'est le cas. Par contre, ça me mets aussi le feu au cul !

Voyez-vous, pendant un an, j'ai tout fait pour essayer de rencontrer les attentes complètement irréalistes de mes supérieurs et quand, bien entendu, j'échouais, j'ai dû faire face au mépris de ce p'tit criss de morveux qui me regardais de haut et cherchait à me faire sentir incompétent et inadéquat.

Le pire ? C'est que, jusqu'à un certain point, ça marchait ! Je me sentais vraiment incompétent et inadéquat !

Or voilà. En quittant comme il l'a fait, il m'a prouvé qu'il était incapable de faire mieux que moi. Moi, avant qu'il n'arrive, j'avais réalisé des choses. J'avais instauré des procédures de travail. Il s'est empressé de tout défaire à son arrivée... mais sans le remplacer par autre-chose! Il a abandonné l'endroit dans un état vraiment lamentable!

Je suis récemment retourné à cet endroit faire mon tour et j'ai parlé avec mes anciens collègues et employés. C'était vraiment désolant... Tout ce que j'avais réussi à construire et organiser pendant mes quatre premières années là-bas est détruit. Les gens n'ont plus de leadership et cette organisation est temporairement sous la tutelle des comptables. Plus de direction. Plus d'argent pour réaliser des projets...

Je suis vraiment parti à temps. Je n'aurais pas aimé travailler dans cet environnement post-Tyran. C'était aussi triste à regarder qu'un champs de bataille une fois que les combats sont terminés...

Le tyran est à sa retraite... Je ne le verrai probablement plus jamais. Mais l'autre, le p'tit morveux... lui, un jour, on se recroisera. Et j'lui réserve un chien d'ma chienne !

Et il le sait !

Voyez-vous, je suis aujourd'hui toujours le client de la même firme d'ingénierie où il travaille et je me suis arrangé pour lui faire transmettre le message de rester loin... TRÈS loin... de mon nouveau lieu de travail. Que s'il ose se pointer le bout du nez en ma présence, que je le sortirai personellement cul par-dessus tête hors de MON installation.

J'ai pri la peine de préciser que je le considère toujours comme étant un bon ingénieur... mais qu'il a été le pire gestionnaire que j'ai eu la malchance de rencontrer.

Ses collègues ont beaucoup ri quand je leur ai expliqué ce qu'était un "Gestionnaire Goéland":

Ça arrive vite ;

Ça fait beaucoup de bruit ;

Ça chie partout, et ;

Ça repart aussi vite !

2 commentaires:

Dame Galadriel a dit…

Hey Crime! Lol! C'est partout pareil faut croire! Nous autres on est presque rendu au point où on devrait dire que c'est normal d'être 2 infirmières pour 34 patients...en chirurgie cri***! Ben oui, sois reconnaissante, on t'envoie une auxilaire (attention, je l'apprécie par ce que la fille elle est super) mais dans le bas du contrat, écrit en petit là, ça dit qu'on est responsable des patients de l'auxiliaire...là, ils nous disent pas de ses actes mais si a fait une gaffe tu es responsable d'arranger la patante!

En tout cas, au moins l'endroit où tu travailles semble te donner un peu plus d'avantage et en plus pour l'ingénieur...ben un gars averti en vaut 2! ;)

Bonne soirée :)

Lady_Marian a dit…

« Il s'est empressé de tout défaire à son arrivée... mais sans le remplacer par autre-chose!» -Sailor

C'est tellement typique de ce trou du cul !

Sérieux, gang, ce mec dont il parle est le pire ombécile que j'ai eu la malchance de connaître l'existance. Sans jamais l'avoir même rencontrer, je SAIS qu'il est un imbécile.

Je lis le texte de Sailor et j'ai le feu au c.... !!

( Bon, j'y reviendrai....j'ai un calinours qui vient de se réveiller....j'vais aller y faire son café ! ;-))

Lady !