lundi 12 février 2007

Ma "Date" de l'Enfer

Nous somme en août 2002. J'suis tout fraîchement séparé de mon ex-épouse. J'viens de vivre huit mois de merde concentrée à essayer d'empêcher mon Titanic de couler (pendant que Madame mettait le cap sur tous les icebergs qu'elle pouvait trouver!) et, pour la première fois de ma vie d'adulte, je me retrouve complètement seul.

Inutile, donc, de mettre trop d'emphase sur comment je pouvais me sentir à ce moment là. J'me sens comme un mort-vivant et à peu près aussi "sexy" .

Je suis monté seul au chalet pour tondre le gazon... travail qui peut me prendre la fin-de-semaine au complet (heureusement que l'herbe pousse moins vite là-bas, ne nécessitant une tonte que deux fois par année) et, le samedi soir, la perspective de rester complètement seul m'est insupportable. Je décide donc de sortir au Moulin Rouge de St-Jovite, histoire de voir si je ne pourrais pas me trouver un peu de compagnie.

Premier choc: Quand le Moulin Rouge venait d'ouvrir ses portes, tous les groupes d'âge y étaient présents. C'est, après tout, le seul club à des kilomètres à la ronde. Malheureusement, après quelques années d'opération, ce sont les jeunes qui avaient pris le contrôle de la place. À 31 ans, je "clashait" dans l'décor comme un gros bouton sur le nez !

C'est LEUR musique, LEUR style vestimentaire. J'me sens vieux, "passé date", pas à ma place. Je décide donc d'aller finir ma bière sur la terasse avant de partir...

La porte était bloquée par un grand gaillard de 19-20 ans qui était probablement un joueur de football à son école. Il est en train de discuter avec ses amis qui sont à l'extérieur, complètement inconscient (ou indifférent) du fait qu'il empêche la libre circulation.

À trois reprises, je lui demande gentiment de se tasser (Bon... la première fois était polie... À la troisième, je lui ai gueulé dans ses oreilles!).

Rien! Aucune réaction ! Il était tellement concentré sur sa conversation qu'il ne m'a même pas regardé. Il m'ignorait complètement !!!

Il aurait dû, au moins, me regarder. Il aurait peut-être vu qu'il n'était pas la seule "armoire à glace" de l'endroit !

Contentons-nous de dire que, premièrement, j'ai vu rouge et, deuxièmement... il a senti une très, TRÈS, forte attraction vers le plancher de la terasse!!

Je le vois encore, tout surpris, en train de se relever au millieu de ses amis, aussi surpris que lui. Je vois aussi dans son visage qu'il est en colère...

Parfait! Je suis prêt! J'ai tellement de colère et de rage emmagasinée que je suis content d'avoir enfin trouvé un volontaire qui m'aiderait à l'exprimer. Bring it on, ass-hole !

Il se redresse...

Me regarde ...

Et il me dit...

...

"Oh! Excusez-moi, monsieur !"

Monsieur ? MONSIEUR !!!???!!!

J'aurais préféré une claque sur la gueule, kaliss !!! J'me sens déjà vieux et "passé date" et voilà qu'il me le confirme en adoptant l'attitude du gars qui est réticent à utiliser de la violence envers un aîné.

Je dépose ma bière à peine bue à quelque-part et je quitte l'endroit au plus vite avant que je ne tues quelqu'un ! Ça "files" pas... mais alors là, pas du tout !

Je me rends donc, seul et misérable, sur une terasse du centre-ville de St-Jovite, prendre deux "drinks" bien tassés, histoire de me calmer un peu. Je regarde les gens autour de moi. Il y a des couples d'amoureux qui se bécottent.

'Stie que j'les haïs! Je suis jaloux d'eux!

St-Jovite ayant une présence policière marquée, j'arrête à deux consommations seulement. Il ne manquerait plus rien que ça, perdre mon permis ! Je me mets donc en route vers mon chalet, regrettant de ne pas avoir suffisamment d'alcool là-bas pour noyer mes sentiments.

Entre mon chalet et St-Jovite, il y a le petit village de Lac-Carré. Le genre d'endroit où les mots "Bienvenue" et "Au revoir" se retrouvent sur le même panneau, vous voyez le genre ? Outre l'église et ses quelques maisons, l'endroit possède un bar: Le bar "Le Verre" (Eh qu'ils se sont cassés les nénettes à imaginer un tel nom original!).

Ça a l'air d'un trou... et c'en est un ! Si vous avez vu la pièce "Broue", imaginez ce bar avec tous les personnages sur la scène simultanément et vous avez l'endroit. Mais l'endroit avait deux avantages marqués: Un, il y avait suffisamment d'alcool et, deux, il n'y avait pas de police entre le bar et mon lit !

Surprise, par conte, il y avait un personnage assis au bar qui "clashait" autant de ce décor que moi au Moulin Rouge plus tôt: Une femme de mon âge, jolie de surcroît !

Je prends place au bar, moi aussi, et j'entame une conversation avec la dame...

Un jeune d'environs 26-27 ans, qui jouait au pool avec un autre, vient s'installer entre la dame et moi et, d'après son attitude, je vois bien qu'il essaye de "marquer son territoire".

Un coup d'oeil au visage de la dame me révèle que les attentions du jeune ne sont plus désirées. Je demande alors au jeune de me suivre afin de lui parler en privé, à l'extérieur.

Étant donné que je fais deux fois son poids, c'est clair qu'il est un tantinet nerveux. Mais je ne suis plus en mode agressif. Je lui explique gentiment que la dame n'est pas intéressée par lui, que nos âges repectifs me rendaient plus compatible et que, no hard feelings, il était invité à simplement se tasser. Je suis même allé jusqu'à lui offrir une bière, à lui et son chum, pour acheter la paix.

Mon offre lui semblant infiniment préférable à l'alternative (non exprimée mais néammoins très claire), il accepta et je repris donc ma conversation avec la dame.

Chose étrange, par contre, je n'étais pas du tout en mode "cruise" non plus. La séduction et le sexe n'était pas du tout dans mon agenda (chose incroyable pour moi... le sexe est usuellement TOUJOURS à mon agenda!!!). Quand je me suis senti fatigué, vers les 2 heures du matin, je me suis simplement levé et souhaité bonne nuit à la dame.

Elle fit une moue de déception et me dit: "J'espère bien qu'on tu reviendra ici et qu'on se reverra."

Je regarde autour de moi et lui réponds: "Scuse... mais c'est juste pas mon genre d'endroit. Mais merci beaucoup pour la soirée."

Et je suis parti!

Ce n'est que deux kilomètres plus loin que l'évidence me frappa de plein fouet...

"Mais...mais... j'avais une touche, moé-là! Elle était intéressée!! SHIT!!!"

Fuck! Je venais de laisser passer une belle occasion de ne pas passer la nuit seul. Je l'ai laissée filer entre mes doigts comme un gros empoté ! Fallait le faire ! Et je savais même pas son nom au complet... même pas demandé son numéro de téléphone. ARRRRGGGGHHHH ! J'me serais botté le cul !

Le lendemain, en finissant de tondre la pelouse, j'ai eu une idée. Je lui ai écrit une note où je m'excusait d'avoir mis fin aussi abruptement à la soirée, prétendant à une grande fatigue. Je la remercie encore pour avoir égayé ma soirée et lui manifeste mon intérêt à la revoir, lui laissant mon numéro de cellulaire. Je mets la note dans une enveloppe...

Normalement, pour retourner en ville, je me rends directement à Ste-Agathe-des-Monts en passant par les rangs. Exceptionellement ce jour-là, je suis passé par Lac-Carré pour remettre ma petite enveloppe à la serveuse du Bar Le Verre. Heureusement, la barmaid conaissait la dame en question et me promis de lui remettre l'enveloppe dès qu'elle reverrait la dame.

Cool! J'ai fait le maximum... et j'ai même eu l'air gentleman par les circonstances. On verra bien si ça marche...

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Le lendemain, lundi, je récupères mes enfants car c'est ma semaine de garde. Je me rends avec eux au Tim Horton et je suis en train de commander quand mon cellulaire sonne. Je réponds. C'est ELLE !

Elle se mets à me décrire à quel point elle a trouvé ma note "cute" et que, oui, elle aimerait me revoir.

Pendant, qu'elle me parle, mes enfants (2 et 4 ans à l'époque) qui s'impatientaient avaient décidés de se divertir en grimpant sur des tables ! J'leur lâche un WHACK pour les calmer un peu...

"Oh! ... Tu as des enfants ?" (dit d'un ton qui était assez limpide: Madame est surprise et décontenancée).

Oups! C'était vrai que je n'avais pas du tout parlé de ma famille, de mes enfants et de ma séparation récente. Le soir où on s'était vu, je cherchais à oublier tout ça et avait soigneusement évité tout sujet qui me ramènerait dans mon funk.

Voulant éviter de passer pour un mari volage, je me mets alors à lui expliquer ma situation familiale. La conversation se termina par une promesse de se rapeller la semaine suivante, lors de ma semaine "impère", pour établir un rendez-vous.

Mais... il y avait vraiment très peu d'enthousiasme et, honnêtement, je ne croyais pas qu'elle me rapellerait.

Je me souviens d'avoir pris la chose en riant. Je venais tout juste de vivre ce que tellement de femmes avaient vécu avant moi: Voir un "prospect" se défiler dès l'instant où la présence d'enfants devenait connue. Ça, par contre, ça ne me dérangeait pas outre mesure. Vivre du rejet à cause de mes enfants n'atteignait pas mon Égo.

Mais, surprise, une semaine plus tard, fidèle à sa promesse, elle me rapella et, plus surprenant encore, elle me proposa même de venir me rejoindre le jeudi à Montréal plutôt que d'attendre au week-end dans le Nord. Wow!

On se fixa donc mon lieu de travail de l'époque comme point de rencontre.

Le jeudi après-midi, elle arriva ponctuellement au rendez-vous.

Mon plan de match était de commencer la soirée en mangeant au restaurant Boccacino's sur l'avenue McGill College.

L'Avenue McGill College, pour ceux qui ne connaissent pas bien Montréal, est assurément une de ses plus belles rues. L'avenue est longée par de superbes immeubles à bureaux modernes. C'est un quartier d'affaires huppé et bien entretenu. Le terre-plein au centre est décoré avec de superbes arrangements floraux.

Le restaurant Boccacino's, quant à lui, est un restaurant sans prétention mais néammoins fort agréable. Le menu y est varié, la nourriture excellente... et les prix abordables.

De plus, nous sommes fin-Août. La température est parfaite: Chaud mais pas trop avec une très légère brise. Le restaurant ne se trouve qu'à trois coins de rues de mon lieu de travail, le tout en pente descendante pour l'aller.

Et c'est là que l'enfer a commencé...

Elle s'est mise à chialer sur tout. Absolument tout !

La distance de marche ;

La qualité du service ;

La qualité du vin ;

Le choix au menu ;

La qualité de la nourriture ;

Le goût du café...

Exaspéré mais le cachant bien, je suis allé régler la note en cachette après m'être excusé pour aller au toilettes. À mon retour, elle me demande, toute guillerette:

"Et puis ? Que va-t'on faire maintenant ?"

Ma réponse fut assez cinglante:

"J'le sais pas ce que TU vas faire mais, moi, j'kâlisse mon camp chez-nous !"

Évidemment, j'me suis fait traiter de tous les noms lorsque je me suis levé et que je suis parti sans dire un traître mot de plus, au grand amusement des autres convives.

J'me souviens que, en retournant chez-moi, j'étais particulièrement en colère contre mon "ex". Dans quel criss de monde de fous m'avait-elle abandonné ? C'était-tu ça, "dater" en 2002 ?

Jamais n'avais-je été aussi déprimé.

Heureusement, les choses se sont améliorées par la suite ! ;-)

8 commentaires:

Lady_Marian a dit…

Tu m'fais rire....même si je la connaissais l'histoire, la lire est tout aussi rigolo !

;-)

Lady !

Dame Galadriel a dit…

Ça me rassure de savoir qu'il y en a d'autre que moi qui sont direct...Juste avant Benc, j'ai une amie qui veut absolument que je rencontre le copain de son chum.

Ok, on essai une date à 4. Problème le gars me paraît tellement plate que je déprime, aucune magie, aucune étincelle. Pauvre gars, il fait toute sorte de pirouette, me pause plein de question auxquels je ne réponds que oui ou non (plus ou moins). Quand vient le temps de quitter, il me dit: est-ce qu'on va se revoir?

moi- non

lui-quoi?
moi- non

L'avantage de revirrer de bord ceux dont les étincelles ne viennent pas c'est qu'on se retrouve avec le grand feu d'artifices quand on est avec la bonne personne! :)

Mme Prof a dit…

Direct ça! :) Ça prend du guts pour faire ça! Je vous lève mon chapeau "monsieur" :)

Karla a dit…

Je dirais plutot deformation professionnel Sailor?!!!
Je te taquine!
Toujours une belle histoire par contre!

Sailor a dit…

"Direct ça! :) Ça prend du guts pour faire ça!"
-La Marâtre

"Déformation professionnelle?"
-Karla

LOLL ! Karla est peut-être plus près de la vérité. Je serais gêné d'accepter le compliment qu'est "d'avoir du guts" pour avoir fait quelque-chose qui m'est venu tout naturellement, sans efforts.

J'me souviens d'un autre incident, il y a longtemps. J'étais dans un bar avec mes copains militaires, accompagné d'une fille que je venais à peine de rencontrer (une semaine auparavant environs).

Sans crier gare, sans qu'il n'y ait eu quelconque incident pour justifier ceci, elle m'a dit, devant tous mes amis, d'un air la plus "Germaine" qui soit:

"J'pense que tu as assez bu!"

Sans un moment d'hésitation, je répondis:

"En fait, j'pense que je t'ai assez VUE!"

J'avais 17 ans !

Comme vous le voyez, ce n'est pas m'exprimer le problème... c'est de fermer ma grande gueule qui me prends du "guts" ! ;-)

Dame Galadriel a dit…

OK Sailor! on appelle ça du tac au tac!

Lady_Marian a dit…

«"J'pense que tu as assez bu!"

Sans un moment d'hésitation, je répondis:

"En fait, j'pense que je t'ai assez VUE!" » -Sailor

Lollllllllll ! J'la connaissais pas celle-là !

;-)

Lady ....qui un jour va vous sortir le «palmarès» des phrases types chez Les Lubriques !

Karla a dit…

C'est parce que je connais ce milieu-la!
A cette époque, je ne t'aurais pas dit "T'as trop bu" mais "Envoye a maison!" Mais pas a une semaine de relation par contre!